Je découvre les collages de Julien Martin sur Instagram. Très vite, je prends contact avec lui pour parler de son travail, son parcours. Il m’invite à Romilly sur Seine dans son atelier au papier peint vintage et à la moquette verte selon mes souvenirs. Des cadres avec ses collages habillent les murs permettant de voir les évolutions de son travail. Certains travaux sont en cours et attendent la dernière touche. Au fond de la pièce, face à la fenêtre, c’est là que Julien officie sur un bureau où les magazines et livres s’entassent. Ils attendent que l’artiste choisissent une partie d’image à découper : un buste de femme, un immeuble, un soleil, que sais-je encore. Les images/photos en noir et blanc dominent le travail de Julien, mais depuis quelques temps, les aplats de couleurs découpés viennent s’entrelacer avec des morceaux de papiers figuratifs. Mais comment en est-il arrivé à cette expression artistique ?
Julien Martin (31 ans), originaire de Troyes, a baigné depuis tout petit dans l’art avec son père qui côtoyait beaucoup d’artistes sur Troyes pour son travail. Mais Julien se sentait incapable de dessiner, d’ailleurs son père ne l’a pas trop encouragé à aller dans cette voie. A l’âge de 17 ans, il fait un apprentissage en peinture et reste dans le domaine jusqu’à 25 ans, période à laquelle il tombe dans l’alcool. Timide, l’ivresse aidant, Julien s’engage dans l’art sur fond de musique psyché et free jazz. Il entre dans un état de délire qui lui permet de se libérer. C’est à ce moment-là qu’il commence ses collages en autodidacte.
Après sa première hospitalisation liée à son addiction, il profite d’un atelier libre à L’arrivage (galerie d’art de la rue de la Trinité aujourd’hui fermée) pour développer son expression artistique. Il participe au marché d’art de Noël de ladite galerie, puis expose dans les bars.
Aujourd’hui Julien, expose et vend son travail essentiellement via Instagram :
« Je n’ai pas autant voyagé que mes tableaux : Japon, Pologne, Espagne, Etats Unis, Irlande, Finlande. Ça fait plaisir », s’amuse-t-il.
Il ajoute :
« Je pars d’une image de base, puis j’y ajoute des éléments d’architecture que j’adore, des textures, des corps de femme. J’essaie de travailler la lumière. Je pars de vieux livres, magazines vintage. Je leur redonne une vie. J’utilise beaucoup de vielles images dont la base vient de photos argentiques. Je m’inspire beaucoup des pochettes de vinyles, d’ailleurs je ne peux pas travailler sans musique. Mes artistes préférés sont Picasso, Buffet, Dali et le mouvement Dadaiste. Localement des rencontres avec Guy Pequeux et Olivman ont été importantes dans mon parcours artistique. Depuis peu, je fais une série plus déstructurée ! Avec le temps, j’ai acquis de la technique, je mixe la peinture avec le collage, mais je coupe toujours mes images au cutter ».
Aujourd’hui, Julien a arrêté l’alcool. Son travail artistique lui permet de compenser ce manque. L’art est une thérapie. Il se dit même accro à l’art.
Récemment l’art de Julien s’est exposé dans les Vitrines de Troyes (événement orchestré par la Ville de Troyes pour occuper visuellement les vitrines de commerces vides) mais aussi dans une galerie en Pologne :
« Ça plait aux gens, je suis heureux de cette reconnaissance ! » conclut-il.
Prochaine exposition chez Edito Coiffure (19 rue Louis Mony, Troyes), à partir du 15 janvier (jusqu'au 15 mars environ).
Brice, le 01/12/2021