L'ASL 26

Quand on évoque le train dans l’Aube, on pense dans un premier temps à la ligne Troyes- Paris et ses retards, travaux. Toutefois, il y a des petites lignes oubliées qui méritent que l’on s’y intéresse, la ligne Troyes-Saint Florentin en fait partie. Un très jeune passionné de chemin de fer a souhaité sortir de l’oubli une portion de cette ligne laissée à l’abandon depuis des années : Jeugny-Auxon. Son objectif : ouvrir un vélorail sur ce tronçon. Portrait de Quentin Dal Degan, président de l’ASL 26, et du projet autour de cette ligne.

Quentin est passionné de chemin de fer depuis l’âge de 3 ans.

« Mes grands-parents qui habitent près de Tonnerre m’emmenaient voir les trains de la ligne PLM (Paris Lyon Marseille) qui passait non loin de chez eux », raconte-t ’il.

Ce qui était un jeu ou un divertissement est devenu une passion. Il photographie le monde du rail depuis 10 ans maintenant, il propose même des photos pour le magazine de référence en la matière : La vie du rail.

« Je n’ai pas connu la fin de cette ligne mythique du PLM. Une certaine nostalgie nourrit ma passion. Habitant Crésantignes, la ligne 26 (Troyes -Saint Florentin) passe non loin de chez moi. Je la parcourais régulièrement malgré la végétation qui l’avait envahi. Je l’ai toujours connu en friche », explique Quentin.

Pourtant, la fin du trafic du voyageurs n’est pas si lointaine. En 1996, il y avait encore 2 trajets entre Troyes et Saint Florentin.

A force de se balader sur cette ligne, il rencontre d’autres passionnés, et de fil en aiguilles, l’idée de redonner vie à cette ligne fait son chemin. Sur un coup de tête, Quentin et une dizaine de passionnés crée l’ASL 26 en avril 2018. Aujourd’hui, l’association compte environ 80 adhérents/bénévoles.

« Quand j’ai démarré le défrichage de la ligne entre Jeugny et Auxon, je ne pensais pas que l’on irait aussi vite. Les bénévoles ont été toujours plus nombreux pour donner un coup de main. En un peu plus de deux ans, sur 10 kms de ligne, nous en avons défriché 6 kms à fin février 2021 », s’étonne Quentin. (depuis l’interview, 2 kilomètres supplémentaires ont été défrichés)

Dès cet été, Quentin espère bien effectuer les premiers tests de vélorail pour préparer l’avenir touristique de cette ligne au cœur du Pays d’Othe. Car cette ligne ne manque pas d’attrait touristique et historique.

Par exemple, on trouve à Fays la Chapelle, le seul tunnel ferroviaire de l’Aube, un très bel ouvrage qui a connu les affres de la 2^nde guerre mondiale, puisqu’il a été bombardé par les Américains, ceux-ci pensaient que le tunnel abritait un train militaire allemand. Plus récemment (1984), le tunnel a été le décor pour une scène du film « Notre histoire » avec Alain Delon et Nathalie Baye.  Autre attrait de cette ligne, la gare de Saint Phal. Bien qu’ayant subi un incendie voilà quelques années, l’ensemble architecturel témoigne d’une époque où les trains circulaient, la halle de marchandises, dans un bel état, est encore présente.

Pour ce projet, l’ASL 26 a été reconnu d’utilité publique, ce qui a permis de procéder au défrichage régulier de la ligne malgré confinement et le couvre-feu.

« Nous sommes bien soutenu par le département mais également les communes traversées par la ligne. Celles-ci n’hésitent pas à dépêcher des entreprises privées pour accélérer le défrichage, en plus de l’action formidable des bénévoles. Les collectivités ont bien compris que notre projet de vélorail ne pouvait que redynamiser le territoire », explique Quentin.

Le projet effectivement revêt une dimension historique mais également touristique et économique.

Pour montrer cette richesse en attendant l’arrivée du vélorail, l’ASL 26 a organisé des expositions à Ervy le Châtel et Migennes, l’été dernier. Elle espère réitérer cette expo aux mêmes endroits cette année, avec des étapes supplémentaires à Troyes et à La Chapelle st Luc (Malterie). L’occasion également de sortir un simulateur de conduite de locomotive conçu à partir du pupitre de la locomotive 72000 qui a roulé à Troyes jusqu’en août 2017. Un train mythique pour les passionnés.

A plus long terme, l’association aimerait bien rénover la gare de Saint Phal pour en faire un musée et un lieu central du vélorail.