J'ai croisé Alex Horn lorsque j'étais rédacteur bénévole au début de l'aventure du Troisième Œil. Depuis cette époque, j'ai suivi en pointillé son actu musicale en tant que batteur, chanteur, guitariste, et son actu visuelle en tant que graphiste et vidéaste. Depuis peu, Alex a ajouté une corde à son arc en organisant des concerts dans les bars troyens dans une veine rock, psyché, garage, noise, folk, jazz rock. L'histoire de Datapanik (le nom de son asso) s'écrit au fil de ses découvertes musicales, de ses rencontres. Transcription de mes échanges autour d'une bière avec celui qui fait vibrer les bars troyens depuis un an (rassurez-vous il n'est pas le seul, on en parlera certainement une autre fois).
Alex Horn, son truc, ce sont les arts visuels à la base. Il se forme aux Beaux-Arts de Troyes, puis dans une école de dessins animés à Bruxelles. A son retour à Troyes, il travaille dans l'animation et la 3D, et compose même la musique de plusieurs courts métrages et documentaires d'un autre troyen, Loïc Zimmerman.
Musicalement, il se forge une culture musicale autour de différents groupes cultes : Pere Ubu, The Residents, Captain Beefheart, Robert Wyatt, Love, Syd Barrett, The Seeds. Il oscille entre rock, post punk, psyché 60's sans se borner au rock non plus. Il a joué dans des groupes comme les Sausages Rainbow Quartet, ou Nasty Cut mais ne se sentait pas les capacités ni l'envie d'organiser des concerts autour de ces deux formations.
Et puis début 2018, un de ses potes zicos, ingé son du groupe Pere Ubu, lui propose son groupe dans une veine freejazz hardcore. Alex propose à l'ex-Dixie Café, le patron dit : " Pas de souci ! " C'est le début des concerts Datapanik ! Et tout s'enchaîne. Des groupes le contactent via Facebook, le bouche à oreille fonctionne. Les concerts s'enchaînent dans les bars qui veulent bien accueillir Datapanik : le Fer à Gus,Trianon, l'Engrenage ou bien le bar-disquaire The Message. Aujourd'hui l'association Datapanik (Alex et sa compagne Evelyne aux commandes) revendiquent un certain nombre de concerts, dont deux soirées Ville en musiques et une soirée en co-production avec la Maison du Boulanger à la Chapelle Argence pour le premier anniversaire de Datapanik.
Pour ce qui est des lieux où les concerts se produisent, Alex préfère pour le moment les bars même si l'expérience tirée de la soirée organisée à la Chapelle Argence a été enrichissante : « C'est cliché mais c'est souvent bien plus révélateur d'entendre un groupe dans un bar, on se retrouve face au vrai son du groupe, aucun intermédiaire entre le public et les musiciens et avec une grande majorité des groupes ça marche mieux ».
Mais comment l'association peut-elle vivre me direz-vous ? Eh bien, on est dans l'économie de faire vivre le bar, c'est donc le bar qui paie le groupe. Pour la bouffe, si le bar peut participer c'est cool, sinon c'est Alex et Evelyne qui régalent. Enfin pour l'hébergement cela se passe chez Alex ! « On met les matelas, souvent on se marche dessus ! Dans d'autres pays, c'est encore plus rock n’roll, les groupes anglais par exemple, n’ont parfois ni à manger, sont encore moins payés et n'ont ni d'endroit où dormir. Nous sommes parfois confrontés à des demandes plus onéreuses et l'association n'exclut pas de trouver d'autres moyens de pouvoir honorer ces demandes, ce qui risque d'arriver avant fin 2019 ».
Le plus étonnant avec Alex Horn, c'est quand vous voyez qu'il annonce faire une pause dans les concerts et que finalement il ressort une date du chapeau à la suite d’une sollicitation de dernière minute. Soyez à l'affût !
« Beaucoup, mais sûrement la venue de The Evil Usses, c'était le troisième concert que j'organisais, je flippais en me disant : " Est-ce que je vais avoir du monde ? " Finalement, nous avons réuni une centaine de personnes, c'était un peu un miracle. Le groupe est dément, sympa. C'est ce concert qui nous a fait mordre à l'hameçon pour organiser des concerts ! »
« Vu que cela fait bientôt un an, le seul mauvais moment est largement pardonné, et sans lui nous n'aurions pas rencontré le très talentueux Nick Wheeldon (l'artiste qui sera le plus invité par Datapanik). L'autre groupe ne supportait pas bien l'alcool et était une embrouille sur pattes. Musicalement le groupe était bien mais semblait vouloir correspondre aux clichés qui accompagnent ce genre de scène musicale. J'ai tenu et composé avec tout ça jusqu'à une heure du matin environ et j'ai ensuite laissé la nature s'occuper d'eux. Les deux plus malins, mais pas les plus sympas, sont rentrés au bercail. Les deux autres ont mal terminé et ont retrouvé leurs voitures pour y dormir. »
« Il vient d'un titre du groupe Pere Ubu de 1976 'Datapanik in the year zero' (John Thompson et David Thomas). C'est un titre de science-fiction à la sauce Philip K. Dick qui dénonce le trop plein d'infos et l'addiction qui en découle. Avec ce flux d'informations que l'on ingurgite (encore plus vrai avec internet), on en oublie le sens et le fond de ce que l'on lit ! »